OPPIDUM D'ENSERUNE

Brûle-parfum en terre cuite   Maison à la colonne   Cratère grec ayant servi d'ossuaire. Combat d'un hoplite contre deux amazones
   L'oppidum d'Ensérune, perché sur une colline aux pentes escarpées et de vaste superficie, offre une protection naturelle idéale pour un village fortifié. Ce type d'habitat en hauteur est caractéristique du monde indigène de la Gaule méridionale, de l'âge du bronze à la milieu du VIème siècle avant notre ère au début du Ier siècle de notre ère. Il connut trois phases successives d'occupation. Tout d'abord, du VIe à la fin du Ve siècle avant J.-C.: l'habitat, encore très modeste, est bâti en ordre dispersé et se compose de cabanes en torchis ou pisé. De nombreux silos creusés dans le rocher servent de réserves à provisions. Durant la deuxième période, de la fin du Ve à la fin du IIIème siècle avant J.-C., une véritable ville s'établit à l'abri de puissants remparts, alors que l'ouest de la colline est réservé à la nécropole. C'est une période de prospérité et d'échanges nombreux avec le monde méditerranéen. A la fin du IIIème siècle avant J.-C., la ville se développe sur toute la colline qui sera totalement abandonnée au profit d'habitats de plaine au Ier siècle après J.C.
Plan de l'oppidum
   Au début du siècle, Ensérune était un plateau couvert de friches et de vignes. Les archéologues qui se sont succédés, ont peu à peu transformé le sommet de la colline en jardin aux multiples essences, qu'il est interdit de cueillir. Le site n'a pas été entièrement fouillé et toutes les parties fouillées ne sont pas aujourd'hui présentées au public. Bordant la route d'accès face au parking inférieur A on aperçoit une terrasse B, creusée de 72 silos, véritable grenier collectif. Une table d'orientation 'C- permet d'observer le paysage au-delà de l'étang de Montady, célèbre pour son drainage en forme d'étoile, qui remonte au XIIIème siècle. Dans cette partie nord, le mur d'enceinte est bien conservé: il est percé d'une poterne D, passage en escalier descendant vers la source au nord. Un alignement de pièces E le long d'une rue est-ouest borde le rempart; dans l'une d'elles, la toiture était soutenue par une colonne F. Deux citernes G de type romain ont conservé leur système d'amenée d'eau, les traces de l'aménagement de couverture et les enduits d'étanchéité.
Château d'eau avec une zone de silos   Quartiers d'habitation
   A l'ouest du musée Sur le plateau, à l'ouest du musée, des sondages récents ont montré qu'il existe des éléments enfouis très dégradés. Du belvédère H on aperçoit au sud le mont Canigou, la ville de Narbonne et plus près, le canal du Midi qui serpente dans la plaine. L'antique voie Domitienne est également encore visible dans le paysage. Des quartiers d'habitation et des pièces à vocation artisanale I et J se sont installés au flanc de la butte sommitale lors de l'agrandissement de la ville au IIIème siècle avant J.-C. Point 5 dit du château d'eau où se reconnaissent une zone de silos le long d'une rue et au premier plan un bâtiment public à la fonction indéterminée.
Silos, grenier collectif   Pièce réservée au stockage avec 5 dolia
   Dans cette même direction vers l'ouest, à près de 400 mètres, se trouve la nécropole à incinération K en usage du Vème au IIIème siècle avant J.-C. Lors du développement du site, aux IIème et Ier siècles avant J.-C., des habitations ont également recouvert ce cimetière alors désaffecté. Au-delà, un double fossé L limite le site dans sa partie occidentale, renforçant ainsi sa protection dans une zone naturellement peu escarpée. Les quartiers d'habitation des pentes sud M étaient relativement dégradés par l'érosion, jusqu'à la récente restauration de la fortification et des maisons accolées à son parement interne. Vers l'ouest, une pièce N réservée au stockage contient cinq dolia, jarres à provisions, encastrés dans un rempart qui avait alors perdu sa fonction défensive initiale. Dans ce secteur se trouvent des vestiges du VIème siècle avant J.-C. encore visibles sous forme d'encoches dans le rocher, restes de fondations de cabanes en matériaux périssables O.
Atelier d'artisans   Pièces à vocation artisanale
   Le site, qui domine la plaine de plus de 100 mètres, occupe une superficie de 600 mètres d'est en ouest, sur 150 mètres du sud au nord. Les vestiges correspondent à trois grandes périodes d'occupation de l'âge du fer. Entre le milieu du VIème siècle avant J.-C. et la fin du Vème siècle, les cabanes en matériaux périssables sont disposées sans ordre apparent et séparées par des espaces. Ces constructions de pisé, de branches et d'argile, sont remplacées au urbanisme très dépendant du relief, est encore accentué par l'édification d'un rempart qui enserre tout le sommet du plateau. La nécropole est alors installée à l'ouest, à distance des zones habitées. A partir de la fin du IIIème siècle, de nouveaux changements interviennent: les maisons s'étendent désormais à tout le plateau. On ne connaît qu'un seul monument public. Peu à peu les emprunts à l'architecture et aux techniques gréco-romaines sont plus importants. Les dimensions des maisons s'accroissent et leur organisation adopte celle en usage dans la péninsule italique: demeures centrées autour d'une cour, chapiteaux et colonnes s'inspirant des ordres ioniques et doriques, décors de peintures murales et sols avec des mosaïques. Mais l'essentiel des maisons reste dans la tradition protohistorique.
Colonne   Silo réutilisé en citerne   Citerne
   Une villa entourée d'un jardin avait été bâtie en 1915. En 1937, Jules Formigé, architecte en chef des monuments historiques, l'a aménagée pour présenter au public les objets mis au jour sur le site. Le musée, constitué autour de la collection léguée par Félix Mouret, premier fouilleur d'Ensérune à partir de 1915, s'est enrichi au fur et à mesure des travaux et des fouilles menées par ses successeurs. Au rez-de-chaussée, une salle est consacrée à l'habitat et dans la partie gauche le parcours respecte l'ordre chronologique. servaient d'ossuaires, est impressionnante. On peut ainsi apercevoir l'évolution des pratiques funéraires entre la fin du Vème siècle et le milieu du IIIème siècle avant J.-C.
Silo   Silos